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Aider les étudiants d'origine africaine

En mai dernier, dans le numéro du printemps 2016 de la revue Les diplômés de l’Université de Montréal, Raymond Coulombe est tombé sur l’article «Pierrette Rayle donne au suivant».

Le magazine avait été déposé dans sa boîte aux lettres par erreur. Âgé de 87 ans, M. Coulombe a lu attentivement les propos de la juge à la retraite. La lecture du témoignage de Mme Rayle l’a inspiré au point qu’il a immédiatement décidé de faire un don de 100 000$ à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université en son nom et en celui de sa femme, Gisèle Aubin.

Né en 1929 à Saint-Gédéon, un village du Lac-Saint-Jean, Raymond Coulombe a grandi dans une famille de 13 enfants. «Chez nous, on commençait à travailler à la ferme familiale dès l’âge de cinq ans.»

Dans son patelin, l’école s’arrête à la neuvième année. «Moi, je tenais à continuer mes études. Dès que j’ai pu le faire, je suis parti.» Un oncle l’aide à entrer au collège de L’Islet, où l’on donne le cours commercial. Puis il entre chez les Frères des écoles chrétiennes et passe son brevet A. À 23 ans, il s’offre pour partir en mission à l’étranger. Il s’envole pour la France et y obtient son baccalauréat. Il enseigne ensuite au Cameroun, au Togo et au Maroc. En tout, il passera 18 ans en Afrique.

De retour au Québec en vue d’entreprendre une licence en mathématiques à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM, il rencontre sa future femme. Élevée à Saint-Félix-de-Valois dans une famille de 11 enfants, Gisèle Aubin possède un parcours analogue au sien.

Musicienne accomplie, elle est entrée chez les Sœurs de Sainte-Anne à l’âge de 19 ans. Titulaire d’une maîtrise en sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, elle a enseigné en Haïti pendant six ans.

Raymond Coulombe et Gisèle Aubin se marient en 1973, après avoir quitté leurs communautés religieuses respectives. Ils ont la quarantaine avancée et sont sans le sou. M. Coulombe se présente devant un comité de sélection de l’Agence canadienne de développement international dans l’espoir d’obtenir un poste de professeur de mathématiques au Maroc. Il dit aux personnes qui l’interrogent: «Moi, je ne vais pas en Afrique pour faire de la propagande pour le Canada. Je vais en Afrique pour que les Africains s’épanouissent.» Avec sa femme à ses côtés, il enseignera trois ans au lycée Mohammed de Casablanca.

Quand les Coulombe rentrent au Québec en 1976, le seul emploi qui correspond à leurs qualifications se trouve à Sainte-Agathe dans une classe spécialisée pour enfants atteints de troubles socio-affectifs graves. Les derniers représentants de l’ancien système d’éducation québécois se retrouvent face au plus récent avatar de la réforme scolaire. «On a mis cinq ans à s’habituer, explique M. Coulombe. Puis, on a compris qu’on ne pouvait absolument rien faire au point de vue scolaire avec ces enfants. Parce qu’un enfant en bas âge qui ne reçoit pas d’amour de ses parents, c’est une catastrophe.»

Anciens religieux, M. Coulombe et sa femme avaient fait vœu de pauvreté durant leur jeunesse. Ils ont eu à peine 10 ans pour amasser des économies. Pourtant, ils se trouvent comblés. «Un jour en lisant la bible, je suis tombé sur ce verset de l’Évangile selon Saint-Jean: “Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance.” J’ai pensé que cette parole était pour moi.»

Ils prennent leur retraite en 1983. Ils en profitent pour voyager et soutenir des organismes de charité. Puis, ils pensent à l’Université de Montréal. Le don qu’ils remettent à l’UdeM sera distribué sous forme de bourses aux étudiants d’origine africaine inscrits aux cycles supérieurs en éducation. Même si la conjointe de M. Coulombe souffre de la maladie d’Alzheimer, elle participe symboliquement au projet. «Elle serait d’accord avec moi», affirme son mari.

Photo : Amélie Philibert