Conférence organisée par le Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur l'enseignement supérieur (LIRES)

Par Didier Pidika Mukawa, Université de Kinshasa, RDC

À l’ère où les universités à travers le monde s’ajustent pour devenir davantage compétitives à l’échelle internationale dans le contexte de l’« économie du savoir », l’université africaine est à la traine. On la retrouve loin derrière le peloton de classements mondiaux, offrant ainsi une image peu glorieuse malgré les préconisations et l’influence des organisations internationales sur les politiques d’éducation. Parmi les contraintes avec lesquelles elle compose, on peut énumérer entre autres l’amenuisement de la part du budget réservée à l’enseignement qui a assené d’un coup la qualité de l’enseignement, la massification de l’université avec pour effet un faible taux d’encadrement des étudiants, l’obsolescence des curricula qui ne reflètent quasiment pas les réalités africaines, la présence incontrôlée des établissements privés d’enseignement supérieur.

 Cette université plurielle est le reflet de chacune des puissances coloniales qui apportèrent la « mission civilisatrice » dans les territoires lointains de l’Afrique. On ne saurait saisir cette université africaine contemporaine en occultant dans l’analyse le contexte historique à partir duquel les entrepreneurs institutionnels occidentaux l’ont matérialisée. Dans leur rhétorique, il était hors de question de voir les colonisés s’émanciper par un savoir élitiste comme le renseigne en l’occurrence cette devise légendaire du système colonial belge : « Pas d’élite, pas d’ennuis ».

 L’université africaine du futur est à refonder si elle veut occuper une place de choix dans la société de savoir mondialisé. Au départ du passé colonial et des problèmes qui assaillent cette université africaine aujourd’hui, cette conférence sera l’occasion de réfléchir sur des pistes envisageables en vue de sa refondation.

À propos du conférencier :

Didier Pidika Mukawa est professeur associé au département des sciences politiques et administratives de l’Université de Kinshasa en République démocratique du Congo. Il est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et sociales de l’Université catholique de Louvain en Belgique, sa recherche doctorale a porté sur l’entrepreneuriat éducatif qui a vu les acteurs privés créer des universités dans un contexte de faillite étatique. Ses recherches s'articulent sur les politiques éducatives et la qualité de l’enseignement.