Résumé

Ces dernières décennies ont été marquées par l’accueil d’un grand nombre d’immigrants au Québec, ce qui a contribué à transformer le paysage social de la province. Cette transformation a surtout été reflétée dans les milieux scolaires, où l’arrivée de nouveaux élèves issus de l’immigration a enrichi la diversité culturelle dans les classes. Dans ce contexte, le cégep, une institution scolaire unique au Québec et en Amérique du Nord (Dupuis, 2020), joue un rôle essentiel dans la formation des jeunes adultes et leur intégration dans la société québécoise.

En tant qu’espaces de socialisation et d’apprentissage, les cégeps participent de manière significative à la construction identitaire des jeunes adultes (Roy, 2011). Ces établissements sont des lieux où se rencontrent des étudiants d’origines culturelles variées. Les rapports ethniques au cégep, marqués par des interactions entre différents groupes culturels, jouent un rôle clé dans ce processus de construction identitaire (Magnan et al., 2016). De plus, les cours proposés ainsi que les activités socioculturelles et parascolaires ont un impact sur la formation de l’identité des étudiants (Roy, 2011). Dans cette recherche, nous cherchons à comprendre comment les jeunes adultes québécois issus de l'immigration perçoivent l'influence de leur expérience dans les cégeps francophones et anglophones du Québec sur leurs identifications linguistiques et culturelles, ainsi que sur leurs rapports interethniques.

Pour répondre à cette question, nous examinons la construction identitaire des jeunes adultes québécois issus de l'immigration dans les contextes familial, social, scolaire et collégial, afin de mieux comprendre les facteurs influençant leurs identifications linguistiques et culturelles.

Notre cadre conceptuel met en lumière les balises théoriques relatives à la notion d’identification (Juteau, 2015), en s’articulant principalement autour du concept de construction identitaire. Une attention particulière est accordée à l’identification linguistique et culturelle, ainsi qu’aux enjeux du bilinguisme et du biculturalisme (Grosjean, 2015). Nous nous intéressons également au cégep en tant qu’institution afin de comprendre comment il contribue au développement identitaire des jeunes adultes. À cette étape, nous examinons les dynamiques des rapports ethniques au cégep.

Notre recherche a été menée auprès de 14 jeunes adultes québécois issus de l’immigration. Nous avons réalisé une recherche qualitative en adoptant une approche interprétative. Les données ont été collectées grâce à des entretiens semi-dirigés qui nous ont permis d'explorer les identifications linguistiques et culturelles des participants, leur expérience collégiale ainsi que les défis rencontrés. En outre, les participants ont complété un questionnaire visant à évaluer leur perception de leurs différentes langues en lien avec leurs émotions.

Notre recherche révèle que la majorité des participants québécois issus de l’immigration s’identifient et s’attachent à la langue française, mais maintiennent une certaine distance par rapport à l’identité culturelle québécoise, en raison d’expériences d’exclusion et de racisme qu’ils vivent dans différents contextes. Nous avons également mis en lumière la façon dont les relations ethniques sont vécues par les étudiants au cégep, en examinant les dynamiques d’inclusion et d’exclusion qui influencent leur parcours.

Les solutions proposées dans cette recherche s’appuient sur les besoins des jeunes adultes québécois issus de l’immigration afin de promouvoir l’éducation interculturelle et inclusive au sein des cégeps. Elles visent notamment à renforcer la reconnaissance de la diversité, à favoriser des espaces de dialogue entre les groupes culturels et à mettre en place des pratiques pédagogiques adaptées qui valorisent les parcours et les expériences des étudiants.

Mots-clés : cégep, expérience collégiale, éducation interculturelle, construction identitaire, identifications, bilinguisme, biculturalisme, rapports ethniques.