Sous la direction de recherche de Roseline Garon, codirigée par Chantal Gagnon

Résumé

Intégré aux pratiques en éducation et en recherche, le discours sur l’élève dit à risque véhicule de multiples conceptions (Brown, 2016; Portelli et al., 2007; Hardy et Maguire, 2016). D’un point de vue critique, cette recherche décrit et interprète ce discours par l’étude d’un cas : un débat médiatisé sur l’inclusion scolaire survenu à Montréal en 2016-2017. Lors de cet événement, comment l’interaction discursive médiatisée a-t-elle contribué à définir la situation des élèves dits à risque? Cette question, envisagée selon l’approche de l’analyse critique du discours (ACD), s’inscrit dans une perspective de justice sociale selon deux orientations : la démystification du discours et la transformation sociale (Fairclough et al., 2011).

D’une part, les types de discours au sujet des élèves « à risque » sont examinés selon quatre dimensions utilisées en ACD : les formes linguistiques; l’explication; le processus de production, de circulation et de consommation du discours; et les pratiques sociales. À partir de ces dimensions, et à l’aide de Portelli et al. (2007), une typologie du discours sur l’élève dit à risque a été bâtie pour étayer l’interprétation des résultats. On y trouve les discours axés sur les déficits, les discours libéraux, les discours éducatifs officiels et les discours critiques.

D’autre part, la co-construction d’une représentation de la désignation « à risque » et l’orientation des pratiques sociales sont étudiées. Pour cela, une « boîte à outils » pour l’analyse linguistique (Wodak et Boukala, 2015) a été développée selon une approche clé en ACD, celle de l’analyse historique du discours (AHD) (Reisigl et Wodak, 2001, 2009; Wodak, 2001; Wodak et Boukala, 2015). L’AHD se penche sur le discours, dans son contexte politico-historique, et sur les processus définissant les rapports de pouvoir. En repérant deux dispositifs linguistiques, les métaphores et les schèmes argumentatifs, nous analysons certaines stratégies discursives : les stratégies de références et de nomination; les stratégies de prédication; et les stratégies d’argumentation.

Les discours étudiés trouvent leur place dans notre typologie, et cela, en recoupant des dimensions des discours axés sur les déficits, des discours libéraux et des discours éducatifs officiels. Les discours critiques, eux, sont peu représentés. La situation des élèves dits à risque renvoie plutôt à une contrainte systémique et une conclusion significative de cette recherche découle de ce constat. Partant de ce dernier, un deuxième registre d’analyse a permis de mettre en évidence un nouveau type de discours sur la situation de l’élève dit à risque : le discours axé sur la contrainte systémique.

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