Résumé

L’engouement contemporain pour l’approche éducative instaurée par Maria Montessori est indéniable, tant dans les réseaux professionnels qu’au sein de la communauté scientifique, et ce, à travers le monde. La longévité de cette approche, sa large diffusion internationale et le fait qu’elle concerne désormais tant les soins aux bambin·es que le maintien de l’autonomie des personnes âgées en font un phénomène digne d’intérêt, comme en témoignent les nombreux ouvrages et articles scientifiques qui lui ont été dédiés au cours des dernières décennies.

Une revue systématique du corpus scientifique relatif aux effets de l’approche Montessori sur les apprenant·es de différents ordres d’enseignement démontre que les études menées à ce jour obtiennent presque exclusivement des résultats favorables au groupe expérimental montessorien ou équivalents entre les groupes comparés, et ce, pour de nombreuses compétences. Cela dit, dans ce corpus prometteur, mais encore exploratoire, des limites méthodologiques importantes minent la validité et la fiabilité des résultats des études, comme le manque d’évaluation de la fidélité de l’implantation de l’approche Montessori dans les milieux scolaires desquels sont tirés les échantillons. En effet, le nom « Montessori » n’étant pas légalement protégé, toute école peut l’adopter, peu importe ses pratiques pédagogiques.

La présente étude vise à dépasser ce problème de recherche. Ses objectifs sont les suivants :

1) déterminer les composantes essentielles du volet primaire (6 à 12 ans) du curriculum Montessori (VPCM), en portant une attention particulière à la façon dont les thèmes de l’éducation pour la paix et de la justice sociale y sont intégrés;

2) déterminer les facteurs contextuels influant sur la mise en œuvre du VPCM en milieu scolaire;

3) élaborer un modèle logique détaillé exposant les composantes essentielles du VPCM ainsi que les facteurs contextuels influant sur sa mise en œuvre.

Pour répondre à ces objectifs, une étude de cas descriptive qui s’inscrit dans le courant de l’évaluation basée sur la théorie, associé à l’épistémologie du réalisme critique, a été réalisée. La collecte de données a consisté, d’une part, en l’observation participante d’une formation initiale des enseignant·es au VPCM accréditée par l’Association Montessori Internationale. D’autre part, des entretiens semi-dirigés portant sur les thèmes de l’éducation pour la paix et de la justice sociale ont été menés auprès de neuf formateur·rices et enseignant·es montessorien·nes. Enfin, un questionnaire en ligne relatif aux facteurs contextuels influant sur la mise en œuvre du VPCM a été rempli par 74 formateur·rices et enseignant·es certifié·es par l’AMI.

Les résultats de recherche prennent la forme d’un texte descriptif exposant les composantes essentielles du VPCM en détail, suivi d’une synthèse des résultats relatifs aux composantes essentielles et aux facteurs contextuels influents, ainsi que d’une proposition de modèle logique du VPCM, qui constitue la représentation schématique et l’opérationnalisation des résultats de cette étude. Le tout pourra constituer les fondements de l’élaboration d’instruments pour l’évaluation de la fidélité de l’implantation du VPCM en milieu scolaire. Ainsi, cette étude contribue à dépasser la limite méthodologique majeure du corpus d’études menées sur les effets du curriculum Montessori que représente le manque d’évaluation de la fidélité de son implantation.