Résumé du projet

Au Québec, comme ailleurs, de nombreuses recherches montrent l'importance du travail des directions d'établissement d'enseignement (DÉ) sur la réussite éducative. Or les changements sociaux des dernières années ont profondément bouleversé la fonction et leur travail a été récemment complexifiés par plusieurs facteurs (pandémie, formation à distance, numérique, maternelle 4 ans, pénurie de personnels qualifiés, conflit de travail, grève, absentéisme). Tout ceci dans un contexte post-pandémique marquée par l'imprévisibilité, l'incertitude, l'instabilité et, plus largement, par de piètres conditions d'emploi (Poirel et al., 2023).

L'ensemble de ces transformations n'a fait qu'accentuer les risques pour la santé des DÉ. Avant la pandémie, le travail était déjà très exigeant, les DÉ indiquaient travailler intensément (98%), très vite (92%) et pendant de longues périodes de concentration intense (88%). Ces données alarmantes sont respectivement passé à 99%, 97% et 91% en 2023. Entre 2020 et 2023, les demandes au travail et la reddition de comptes ont continué d'augmenter alors que les ressources ont diminué. Il apparait toutefois que cette réalité du travail délétère est plus alarmante dans la grande région de Montréal comparativement au reste du Québec. Notamment les données sur la santé des membres de l’AMDES sont plus inquiétantes en ce qui concerne l’augmentation de la consommation régulière d’alcool, le manque d’activité physique, les habitudes alimentaires, le sommeil et la prise de médicaments pour des causes de santé physique et psychologique. Les DÉ membres de l’AMDES sont 91% à dire effectuer une quantité excessive de travail comparativement à 83% (AQPDE) et 82% (FQDE), elles sont moins satisfaites de leur travail et ont davantage l’intention de quitter leurs emplois.

L’objectif général de ce projet en partenariat avec l’AMDES est de pouvoir intervenir de façon préventive sur les risques psychosociaux du travail en faisant participer les DÉ de l’AMDES dans l’interprétation des résultats de l’enquête, l’analyse de leur travail et la recherche de piste d’action sur les sources de ce problème. Ceci pour permettre de porter le travail en réflexions et en débats par les travailleurs qui sont les premiers experts de leur activité, afin de transformer au mieux l’organisation et les conditions du travail délétère. Notre projet s’inscrit dans une approche collaborative de recherche qui permet de mettre à l’œuvre le collectif de travail, sur la base que la santé au travail des DÉ se construit par l’actualisation et le développement du pouvoir d’agir des DÉ sur les règles, les normes et les modes d’organisation de leur travail.