Résumé du projet
Ces trente dernières années, les enseignant·es ont fait face à une accélération des réformes scolaires visant à garantir l’accès équitable à l’éducation pour tous les élèves, indépendamment de leurs besoins ou origines. Ces réformes s’inscrivent dans un mouvement pour une école inclusive promouvant égalité des chances et justice sociale. Pourtant, au Québec comme en Suisse, les inégalités scolaires persistent, notamment pour les élèves issus de milieux défavorisés, issus de l’immigration, allophones ou ayant des besoins spécifiques (EHDAA). En Suisse, malgré les efforts pour promouvoir une évaluation axée sur le soutien des apprentissages, les pratiques traditionnelles, souvent sélectives, demeurent dominantes. Au Québec, la politique d’évaluation vise justice et équité, mais son application demeure difficile, exacerbant les inégalités liées au quasi-marché scolaire. Ces problématiques communes soulignent l’importance de repenser les pratiques d’évaluation pour concilier inclusion et méritocratie dans les systèmes éducatifs.
Cette recherche explore le rôle des croyances et des émotions dans le jugement professionnel des enseignant·es en matière d’évaluation des apprentissages. Le jugement professionnel, défini comme un processus décisionnel fondé sur l’expertise et influencé par des normes et valeurs individuelles, intègre des dimensions cognitives et émotionnelles (Mottier Lopez et Allal, 2008). Les croyances des enseignant·es influencent significativement leurs pratiques évaluatives, notamment la perception de la justice du système éducatif et des évaluations en classe (Laveault, 2005; Dufour et al., 2022). Par ailleurs, les émotions, telles que la peur de mal évaluer ou de l’échec scolaire, impactent également les décisions et les actions liées à l’évaluation (Visioli et al., 2015). Cette recherche qualitative utilise des entretiens semi-dirigés et des groupes de discussion pour explorer ces dimensions et leurs interactions, offrant une perspective comparative entre la Suisse et le Québec pour mieux comprendre leurs influences sur les pratiques évaluatives et renforcer la justice scolaire.
Objectifs
- Décrire les croyances prédominantes des enseignant·es concernant la justice scolaire et les finalités de l’évaluation et leurs implications pour leurs pratiques évaluatives.
- Décrire les émotions associées aux processus d’évaluation des apprentissages et leurs implications pour les pratiques évaluatives.
- Comparer les différences culturelles et institutionnelles dans la manière dont les croyances et émotions à l’égard de l’évaluation des apprentissages sont vécues en Suisse et au Québec.
- Identifier des leviers pour développer des pratiques d’évaluation plus justes, égalitaires, inclusives, transparentes et émotionnellement positives, en tenant compte des croyances et émotions des enseignant·es.