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Gisèle Barret : pionnière de la Faculté des sciences de l’éducation

Embauchée à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM deux ans après sa fondation, il y a 60 ans, Gisèle Barret a façonné la concentration en audiovisuel et instauré l’expression dramatique au Québec. Pionnière et visionnaire, celle qui a été tour à tour professeure adjointe, agrégée et titulaire, a révolutionné le milieu de la pédagogie au Québec.


Née en Algérie française, Gisèle Barret a obtenu deux doctorats de l’Université Sorbonne-Nouvelle. Déjà, en France, elle s’est affairée à mettre son amour pour le théâtre au service de l’enseignement. « Mon père ne voulait pas que je fasse une carrière artistique, raconte celle qui détient tout de même une formation pluridisciplinaire au conservatoire en danse, piano, diction et en théâtre.

Enseignante de littérature au lycée pilote de Montgeron, elle fonde avec son époux, Pierre Barret, le Théâtre du lycée pilote de Montgeron (THELEM) et anime des émissions pour la radio-télévision scolaire à Paris. « Mon père les regardait et me disait « tu vois, tu as quand même fait du théâtre! », se souvient-elle.

C’est en 1967 que le tandem immigre au Québec, séduit par l’effervescence créative de la Belle Province. « Mon mari trouvait que la France était trop sclérosée, trop traditionnelle. Mais, à l’époque, ce n’était tout de même pas facile. Pour certains, j’étais la “maudite Française”! s’exclame-t-elle. Mais je comprenais pourquoi, parce que je connaissais toute l’histoire derrière. »

Une pionnière de la Faculté des sciences de l’éducation

Embauchée avec pour responsabilité d’ouvrir la concentration en audiovisuel de la faculté, Gisèle Barret a façonné le département. « À mon arrivée, il n’y avait pas d’appareils ni rien du tout ! », se remémore-t-elle. En attendant l’achat de matériel par l’université, elle a donc prêté ses propres équipements à l’établissement.

Gisèle Barret est par la suite devenue chargée de cours de la Faculté des sciences de l’éducation. « Un atelier d’art dramatique en orthopédagogie était programmé, mais il n’y avait personne pour le donner. Et j’ai été ravie de le diriger », explique-t-elle.

Rapidement, la professeure a combiné les techniques d’audiovisuel et l’expression dramatique dans sa formation proposée à la relève.

« Avec le cours Media Drama, les étudiants avaient des appareils-photo à leur disposition dans le studio. Et pour animer le tout, j’organisais un atelier d’expression dramatique », décrit-elle.

Forte de son expérience dans divers domaines, Gisèle Barret a développé l’expression dramatique, mêlant discipline artistique et méthodes pédagogiques. Elle a ainsi conçu les premiers programmes et guides à cet effet pour le compte du ministère de l’Éducation et mis sur pied le programme d’expression dramatique de la faculté. Cette formation, depuis devenue celle d’art dramatique, a été reprise par l’Université du Québec à Montréal. « Les anciens de l’UQAM le savent, que c’est moi qui ai instauré tout ça ! », souligne-t-elle, espiègle.

Gisèle Barret a également fondé l’Association des professeurs d’expression dramatique du Québec en 1972, en plus d'œuvrer comme conseillère et conférencière aux quatre coins du monde.

À la relève étudiante, la pionnière de la Faculté des sciences de l’éducation recommande de s’impliquer personnellement.

« C’est de ne pas seulement penser aux connaissances et à la méthode. La première chose est de regarder ceux et celles qui sont en face de vous. Ils aimeront la discipline que vous leur enseignez si la relation est bonne », plaide-t-elle.

Un constat d’autant plus important avec l’essor de technologies comme l’intelligence artificielle. « C’est de plus en plus évident qu’il faut un contrepoids. On doit laisser l’humain au centre de la formation », fait-elle valoir.

Un legs immortel

L’an dernier, la Faculté des sciences de l’éducation a baptisé la salle B-253 aux noms de Gisèle Barret et de son mari. « C’est un immense honneur », dit-elle.

La grande dame de l’éducation éprouve un sentiment de gratitude envers l’Université de Montréal, ce qui l’a d’ailleurs motivée à remettre plus de 500 000 $ à l’établissement.

« J’avais envie de rendre à cette institution tout ce qu’elle m’avait donné, parce qu’elle m’a permis de faire tellement de choses. Finalement, cet argent lui appartenait, je leur devais », lance en riant Gisèle Barret, qui a aussi fait cadeau de son piano à la salle.

Ses contributions financières ont également mené à la création d’un fonds capitalisé afin de développer la Division des archives et de la gestion de l’information (DAGI).« Les archives sont la mémoire de l’université. Il ne faut pas les laisser à l’écart », souhaite Gisèle Barret.

La Faculté des sciences de l’éducation soufflera d’ailleurs 60 bougies, un anniversaire qui sera célébré lors d’un événement tenu le 30 avril prochain. « J’y serai pour tous ceux qui étaient présents au début et qui sont aujourd’hui disparus, prévoit-elle avec émotion. Je serai là pour les rendre vivants. »


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