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La relation au cœur : repenser le rôle de l’inconfort et risquer le désaccord à l’école

C’est la Semaine du personnel professionnel de l’éducation, du 17 au 21 novembre 2025, une occasion privilégiée pour mettre en lumière leur rôle essentiel dans nos écoles. À travers ce texte, nos chercheuses et chercheurs proposent une réflexion sur l’impact positif des professionnels de l’éducation dans un contexte scolaire en constante évolution.

Article cosigné par Diana Miconi, Garine Papazian-Zohrabian et François Bowen du Département de psychopédagogie et d’andragogie de l'UdeM.


Dans le contexte actuel les jeunes font face aux défis de vivre dans un monde en mutation. Les enjeux liés aux changements climatiques, à l’essor de l’intelligence artificielle, ainsi que leur exposition permanente, dans l’espace réelle ou virtuelle, à des discours polarisants ou haineux mettent à rude épreuve leur bien-être psychologique et leur réussite éducative. Les professionnels de l’école se trouvent ainsi face au défi de créer, développer et maintenir des relations positives et constructives avec eux.

La relation qui se construit entre les jeunes et les adultes à l’école joue un rôle central dans leur apprentissage, leur développement et leur bien-être. Or, dans un contexte de diversités et polarisations croissantes, et dans un milieu éducatif où les occasions de socialisation diminuent, il devient nécessaire de repenser nos priorités.

Les élèves expriment un besoin clair : être en lien avec des adultes qui leur offrent écoute bienveillante, respect et confiance. Cette réalité questionne notre cadre scolaire et ses priorités. Reconnaître les incohérences, les violences structurelles et les contradictions des générations précédentes, ainsi que la crise démocratique qui en découle, peut ouvrir la voie à un dialogue non-moralisateur et ouvert avec les élèves et permettre l’émergence de nouvelles façons d’imaginer l’éducation, la démocratie et la cohésion sociale. 

Face à une montée de la violence, à la peur mobilisée et à la censure qui en découlent, il est important de reconnaître l’inévitabilité de l’inconfort que peuvent susciter les diversités grandissantes dans notre société et nos écoles et de risquer le désaccord, entre adultes et avec les jeunes à l’école. L’enjeu n’est pas d’atteindre le consensus, mais d’accueillir leur souffrance et leur inconfort et de les aider à composer avec les tensions.

Les jeunes ont besoin d’espaces pour exprimer leur mal-être et leurs désaccords et d’adultes qui peuvent accueillir cette parole et s’engager à promouvoir leur bien-être et développer leur agentivité. Le principal moyen pour le faire est de permettre diverses formes d’expression constructives — qu’elles passent par le dialogue, l’action ou la création artistique.

En tant qu’adultes et éducateurs questionnons de manière critique notre posture et trouvons la force et le professionnalisme de faire face à notre propre inconfort devant les propos des jeunes. L’inconfort ressenti, reconnu et exprimé peut se transformer et devenir, pour nous comme pour eux, une occasion de réflexion, d’ouverture et d’écoute mutuelle. Offrons à nos jeunes des espaces qui rapprochent et qui permettent de maintenir vivant l’espoir et de panser les fractures d’un monde divisé. 

Dans ce contexte exigeant, le rôle des professionnels de l’éducation est plus que jamais essentiel. Leur engagement à accueillir l’inconfort, à favoriser le dialogue et à créer des espaces sécurisants pour les jeunes constitue un acte profondément courageux et porteur de sens. Chaque geste d’écoute, chaque moment de respect et de confiance contribue à bâtir des ponts dans un monde fragmenté. Merci à tout le personnel professionnel de l’éducation pour votre dévouement et votre persévérance.