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Catherine Drouin

Diplômée en enseignement du français langue seconde

" J'ai commencé des études internationales, mais j'ai tout de suite compris que, même si j'avais un intérêt majeur pour le domaine de la politique, l'impact des métiers vers lesquels je me dirigeais avec une telle formation ne seraient pas assez concrets pour moi, raconte-t-elle. L'enseignement du français langue seconde, pour la diversité culturelle que cela implique et aussi pour l'aspect langagier, comble beaucoup de mes champs d'intérêt. "

Catherine Drouin est titulaire d’un baccalauréat en enseignement du français langue seconde, obtenu à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal (UdeM) en 2015. Originaire de Montréal, elle travaille depuis sur la Côte-Nord au sein d’écoles fréquentées par les enfants de la communauté innue Uashat mak Mani-utenam.

Nous l’avons rencontrée dans le cadre de la Semaine des enseignantes et des enseignants, qui se déroule du 5 au 11 février 2023.

« J’ai commencé des études internationales, mais j’ai tout de suite compris que, même si j’avais un intérêt majeur pour le domaine de la politique, l’impact des métiers vers lesquels je me dirigeais avec une telle formation ne seraient pas assez concrets pour moi, raconte-t-elle. L’enseignement du français langue seconde, pour la diversité culturelle que cela implique et aussi pour l’aspect langagier, comble beaucoup de mes champs d’intérêt. »

Au début de son parcours, travailler avec des enfants n’était pas une évidence. Pourtant, cela s’est révélé une véritable passion et une grande source de satisfaction, tout comme le fait d’être venue s’installer après son baccalauréat à Sept-Îles avec son conjoint et désormais ses 2 jeunes enfants, au cœur de la communauté innue Uashat mak Mani-utenam.

Alors que la plupart des personnes diplômées de son programme évoluaient auprès d’immigrantes et d’immigrants, principalement à Montréal, pour Catherine Drouin, travailler auprès des communautés autochtones s’est imposé naturellement : « Mon père a fait beaucoup de projets aux côtés de ces communautés dans le domaine de la santé, puis, à 18 ans, j’ai passé plusieurs mois au Labrador. J’y ai pris conscience de la vulnérabilité de ces populations, des discriminations qu’elles subissaient et des écarts énormes de ressources qu’il pouvait y avoir au sein même du Canada. Je m’y suis intéressée de plus en plus. »

Dès l’université, elle insiste donc pour faire un de ses stages au sein de communautés autochtones et part ainsi à Kitigan Zibi auprès de la communauté de Kitigan Zibi Anishinabeg pour son stage de troisième année. Très vite, elle se rend compte que l’enseignement du français y est particulièrement complexe en raison des divergences structurales des langues autochtones.

« Il y a toujours une vision du monde qui teinte la langue, indique-t-elle. Je trouve ça passionnant! La communauté Uashat mak Mani-utenam parle bien le français, mais ce n’est pas plus simple pour autant, car c’est comme si ses membres se retrouvaient entre 2 chaises. Elles et ils doivent décrire leur réalité innue avec une langue qui n’est pas faite pour ça! »

Une remise en cause permanente des certitudes

Elle dit avoir été préparée durant ses études à l’UdeM à cette situation, puisque nombre de cours étaient axés sur la prise en compte de la différence culturelle et qu’on les amenait également à réfléchir à la posture à avoir en tant que professeure ou professeur issu de la culture majoritaire en situation d’enseigner aux personnes immigrantes ou aux minorités.

 « D’emblée, je ne connais pas les obstacles que les minorités affrontent, reconnaît-elle. Je peux m’informer, mais je ne les vis pas personnellement. Il faut avoir beaucoup d’humilité. Par exemple, pour moi, la réussite passait par de bonnes notes, mais pour les parents innus, c’était autre chose. Je remets continuellement en cause mes certitudes. Tenir compte de la diversité, c’est garder en tête qu’une difficulté pourrait être reliée à une différence culturelle et parfois à un autre référent. »

 Catherine Drouin affirme en apprendre tous les jours au contact de ses élèves et en sortir grandie : « Je révise constamment mon rôle comme enseignante, qui se définit maintenant plus par l’accompagnement dans le cheminement de mes élèves et la réponse à leurs besoins. Les mener à la diplomation, c’est bien sûr ce que l’on souhaite, mais il faut penser à ce qu’elles et ils désirent au moment présent : avoir 90 % à un examen ou être écouté et trouver sa place en tant qu’enfant? »

 

Lire l'article sur le site du réseau des diplômés et des donateurs