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/ Faculté des sciences de l'éducation

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Soutenance de thèse de Jean-Étienne Bergeron

Écoles privées, financement public et justice en éducation. Herméneutique d'un débat multidimensionnel au Québec.

Sous la direction de recherche de Christine Brabant

Résumé

Cette thèse s’intéresse à la question des écoles privées financées publiquement (EPFP), dans le contexte québécois, en relation avec l’idée de justice. Sujet d’actualité, mais aussi de débat: depuis au moins le Rapport Parent (1963-1966) et l’adoption de la Loi sur l’enseignement privé en 1968, de nombreuses campagnes électorales québécoises ont soulevé la question de la raison d’être de ces écoles privées subventionnées et de la politique de financement les accompagnant. Juste pour les uns, injuste pour les autres: il n’existe que très peu de recherches sur les EPFP abordant directement ce débat dans sa perspective scientifique et normative. Considérant la fragmentation des recherches québécoises sur ce dernier et un concept de justice fortement polysémique, cette thèse vient combler un manque à ces niveaux.

À la croisée d’une enquête scientifique et de l’éthique publique, le cadre théorique offre des balises larges, souples et dialogiques en considérant différentes perspectives de justice (générale, sociale et éducative). Ce cadre nourrit une approche herméneutique qui, s’inspirant de Paul Ricœur (1986), de Hans-Georg Gadamer (1960/1996) et d’Edgar Morin (2005), privilégie la logique et la fécondité de la découverte à celle de la démonstration.

Cette thèse étudie un corpus de 31 documents couvrant les 60 dernières années du débat sur les EPFP. Des analyses pointues relatives aux différentes dimensions du problème en dégagent 90 composantes réunies en 12 thèmes. Celles-ci tracent les contours d’un débat multidimensionnel où l’histoire, la philosophie, la sociologie, la psychologie et l’économie sont mobilisées à l’intérieur d’enquêtes réalisées sur cinq de ces thèmes: le bien commun, les finalités de l’éducation, la qualité en éducation, la mixité (sociale et scolaire) et l’équité.

Bien que le vocabulaire utilisé pour expliquer le débat entourant les EPFP ait changé depuis les années 1960, ce dernier est marqué par la continuité. En effet, celle-ci s’observe dans la persistance d’un souci d’équilibre entre, d’une part, des droits et libertés, et, d’autre part, des projets collectifs se voulant universels mais liés à des conceptions particulières du bien. En matière d’éducation, la tension entre les perspectives universalistes/impersonnelles et contextualistes/interpersonnelles soulève un certain relativisme et un enjeu d’agentivité complexifiant la recherche de réponses ou de solutions à ce débat. De plus, différentes traditions scientifiques posent des défis méthodologiques importants, contribuant au caractère fragmenté de celui-ci. Ce débat est aussi généralement posé en des termes de justice distributive, alors que des dimensions relationnelle et procédurale devraient aussi être considérées, invitant par le fait même à revoir les manières de conceptualiser la justice en éducation.

Si cette thèse n’arrive pas à une réponse définitive sur la question de la relation entre les EPFP et la justice, elle participe à l’avancement de la connaissance sur l’état actuel de la recherche, et sur certains de ses problèmes, tout en participant à un dialogue éthique empreint d’ouverture.

Emplacement : Pavillon Roger-Gaudry : 2900, boul. Édouard-Montpetit, local P-217