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/ Faculté des sciences de l'éducation

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Soutenance de thèse de Rajae Guennouni Hassani

Implication parentale et stratégies déployées par des familles immigrées musulmanes en lien avec l’expérience socioscolaire de leurs enfants à Montréal

Sous la direction de recherche de Fasal Kanoute

Résumé

Cette recherche doctorale a pour but d’étudier l’implication parentale et les stratégies déployées par les parents immigrés musulmans en lien avec l’expérience socioscolaire de leurs enfants. Plus précisément, elle vise à documenter en profondeur l’exercice de la parentalité, en rétrospective et en projection, chez les familles musulmanes établies à Montréal. Notre problématisation a fait le survol de recherches significatives portant sur la situation socioscolaire des élèves immigrés dans divers contextes nationaux, notamment au Québec et dans sa métropole, et sur les relations familles immigrantes-écoles. Ce survol a permis d’assoir la pertinence scientifique et sociale de s’intéresser au cas spécifique des élèves immigrés musulmans et de leur famille. En quête d’un éclairage théorique permettant de lire finement les enjeux soulevés par la problématisation, nous avons opté pour une conceptualisation multifocale s’intéressant à l’acculturation, à la mobilisation familiale autour des enjeux scolaires et à l’expérience socioscolaire de l’élève. Avec une approche méthodologique qualitative, nous avons mené 35 entretiens individuels approfondis à caractère biographique avec des duos parents-enfants en provenance de dix pays d’origine différents, résidant dans la grande région métropolitaine de Montréal, et huit entrevues semi-dirigées auprès d’intervenants communautaires et de professionnels.

Le croisement des données des trois groupes de sujets a révélé la place particulièrement significative qu’occupent les parents musulmans dans l’expérience socioscolaire de leurs enfants en dépit des multiples défis auxquels ces derniers font face. Possédant divers acquis et expériences, confrontées à de nombreuses contraintes, ruptures et virages, les familles musulmanes rencontrées construisent, dans le changement, un répertoire riche de stratégies parentales en lien avec la scolarité ou la socialisation de leurs enfants. Par ailleurs, nos résultats montrent un écart significatif qui caractérise les stratégies tant originales que créatives déployées par les parents musulmans et leur invisibilité aux yeux de l’école étant donné qu’elles se déploient parfois dans l’intimité du milieu familial ou dans divers contextes de la communauté. De plus, nos résultats illustrent la variabilité des modalités d’interaction des parents musulmans rencontrés avec le milieu scolaire, y compris lorsqu’ils sont, parfois, en retrait ou aux marges des murs de l’école. En effet, de par leur appartenance à un groupe minorisé et racisé dans leur pays d’accueil, les parents musulmans sont susceptibles d’endosser des stigmates et des discriminations systémiques dans certaines écoles où sont inscrits leurs enfants qui se manifestent, dans certains cas, sous forme de comportements visibles et se déclinent, dans d’autres cas, à travers des attitudes camouflées, invisibles, enrobées de préjugés, de regards méfiants ou de froideur. De ce fait, si la distance de quelques-uns les rend invisibles à priori au regard des normes et des attentes de l’école québécoise, nos données révèlent que nombreuses sont les familles musulmanes qui sont grandement impliquées dans l’expérience socioscolaire de leurs enfants en ayant peu ou pas de relations directes avec l’institution scolaire.

L’analyse de nos données a révélé aussi des processus interactionnels pour les jeunes musulmans qui vivent dans certains cas une expérience socioscolaire positive soutenue par leur projection d’avenir ou par un milieu tiers, notamment le milieu familial, scolaire ou communautaire et marquée dans d’autres cas par de nombreuses vulnérabilités. Cette expérience est marquée aussi par divers enjeux de transition : la transition du pays d’origine vers le pays d’accueil, la transition de l’école du pays d’origine vers l’école québécoise, la transition des classes d’accueil vers le régulier et la transition primaire-secondaire. Dans cette optique, notre étude invite le milieu scolaire à considérer l’expérience socioscolaire des élèves musulmans d’une façon plus large afin d’atténuer l’impact de ces moments de ruptures et de discontinuités auxquels ils font face. Ces considérations doivent aussi inclure leurs expériences (pré) migratoires et leurs histoires familiales.

Le croisement de regard des trois groupes de sujets a permis de surcroit d’identifier les besoins des parents musulmans ainsi que les pratiques gagnantes de soutien et d’accompagnement de ces parents à l’école québécoise. D’une manière générale, des recommandations pertinentes pour les milieux de pratique ont été formulées qui convergent vers la pertinence de favoriser la création de relations familles musulmanes-écoles ancrées dans une optique de partenariat. Dans la perspective fondamentale du vivre-ensemble, notre recherche invite aussi le milieu scolaire à s’intéresser à la réalité des familles musulmanes afin d’intervenir plus efficacement auprès de parents et enfants. Il semble que cette connaissance de l’école et de ses acteurs scolaires des réalités et des difficultés qu’endurent certains musulmans au Québec soit un levier à l’émergence de relations familles musulmanes-écoles harmonieuses. Enfin, l’effectivité du vivre-ensemble dépend de tous, acteurs scolaires et parents. Cependant, l’école doit faire preuve de leadeurship dans l’instauration d’un climat d’ouverture à la communauté qu’elle dessert.

Pour assister à la soutenance par Zoom :

umontreal.zoom.us/j/87086472264

ID : 870 8647 2264

MOT DE PASSE : 118066