Ismaël Seck : Enseignant et militant.

Titulaire d'un baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire de l'Université de Montréal (UdeM), Ismaël Seck enseigne à l'école secondaire Lucien-Pagé depuis 2019. Selon lui, la réussite éducative de ses élèves est indissociable de la justice sociale et de la lutte contre les inégalités, des causes auxquelles il attache beaucoup d'importance et qui sont à l'origine de son engagement social.

Nous l'avons rencontré dans le cadre de la Semaine des enseignantes et des enseignants, qui se déroule du 5 au 11 février 2023."

Même si j'ai plusieurs professeures et professeurs autour de moi - notamment ma mère, mon père, mon beau-père -, ce n'est pas un métier auquel j'avais pensé au départ, raconte celui qui a d'abord travaillé dans le secteur du multimédia. Mais, tout d'un coup, ça m'a paru une évidence. 

"Trop sédentaire et, surtout, ne comblant pas son besoin d'engagement social, le multimédia lui est vite apparu comme une voie au sein de laquelle il ne s'épanouirait pas assez. C'est pourquoi il se décide à reprendre ses études à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal. L'enseignement, et plus particulièrement auprès d'enfants en difficulté ou évoluant dans des milieux complexes, lui permettra de trouver sa place dans la société."

C'était assez naturel pour moi d'opter pour l'enseignement en adaptation scolaire parce que, plus jeune, j'ai eu du mal à m'épanouir à l'école ordinaire, indique-t-il. Le cadre trop rigide ne m'accordait pas la chance d'exploiter ma créativité. J'ai toujours apprécié le fait de découvrir des idées, voies et stratégies différentes. Dans mon poste actuel, j'ai plus de liberté pour explorer, sortir du cadre et utiliser d'autres avenues pédagogiques afin de répondre aux besoins des élèves. Ce défi m'anime chaque jour!

"Recensant une dizaine de langues maternelles parlées parmi ses élèves année après année, Ismaël Seck compare ainsi sa classe aux Nations Unies, une situation avec laquelle le jeune enseignant, lui-même originaire du Sénégal, aime composer.

Lutter contre l'école à 3 vitesses"

Tout ce qu'on entend sur le nombre d'enseignantes et d'enseignants qui chaque année quittent la profession ou souffrent d'épuisement vient forcément nous chercher lors de nos études dans ce domaine, admet-il. Dès l'université, j'ai effectué de la suppléance pour multiplier les expériences et déterminer le milieu dans lequel je pourrais m'épanouir. À l'école secondaire Lucien-Pagé, on m'a tout de suite fait sentir que je faisais partie d'une équipe et que, si j'avais besoin de quoi que ce soit, on allait être là pour m'aider. Je suis extrêmement bien entouré"

"C'est ce qui lui permet de continuer et de se fixer un cadre : donner son 110 % quand il est au travail et décrocher lorsqu'il rentre chez lui. De plus, s'engager socialement et syndicalement lui offre la possibilité de trouver son équilibre. Il lutte entre autres contre l'école à 3 vitesses."

Contrairement au privé et ensuite aux programmes particuliers dans le système public, il y a peu de mixité dans les classes ordinaires, puisque l'on y concentre des élèves ayant des difficultés (financières ou d'apprentissage), souligne-t-il. Elles ressemblent donc plus à des classes en adaptation scolaire, sauf que les enseignantes et enseignants qui s'y retrouvent ne sont pas formés pour cela. Cela rend la situation très ardue pour eux.

"Au quotidien, Ismaël Seck constate l'influence de son travail sur ses élèves et ainsi à plus long terme sur la société dans son ensemble : " Nous devons nous rappeler que nous ne sommes pas des superhéros, mais que nous pouvons avoir une incidence très positive sur nos communautés, par exemple en voyant un élève qui, en plus d'améliorer ses résultats, gagne en maturité, devient un meilleur citoyen, se questionne sur lui, sur le monde, sur sa place dans la société. Cette certitude me donne toute l'énergie nécessaire pour continuer. "